Brave Barbapapa…
A 40 ans (premier livre publié en 1970, comme le rappellent l’article de Wikipedia personnage dessiné par Talus Taylor occupe toujours une place de choix aux rayons jouets, chez les libraires et dans l’imaginaire des enfants.
Ce que l’on sait moins, c’est que la famille Barbapapa est, dans la littérature enfantine, une pionnière en matière d’écologie: dans les histoires signées Annette Tison, ces sympathiques personnages font face à la pollution des usines, refusent d’habiter en HLM, préférant se construire une maison dans la nature alimentée en énergies renouvelables, et vont même jusqu’à s’exiler sur une planète lointaine le temps d’un épisode, dépités par le comportement des humains vis-à-vis de la Terre… Barbapapa est sans conteste un héros écolo
La société Jemini est-elle sensible au discours des Barbapapa?
Même s’il conteste la place d’icône écolo de Barbapapa (« Ce n’est pas le registre des Barbapapa, c’est simplement une valeur parmi d’autres dans une œuvre qui montre une certaine sensibilité à la nature. L’écologie n’est pas revendiquée dans les histoires. »), Thierry Bertoux affirme se sentir concerné par cette question: « Comme fabricant de produits, j’ai conscience que je ne dois pas dégrader la nature, il faut une empreinte écologique la plus minime possible. »
Quand Jemini tente la peluche écolo…
Thierry Bertoux a tenu à me présenter la gamme Eco Dingo (ci-contre le chien Eco Dingo, mon préféré): des peluches réalisées en matériaux recyclés.
Très jolies… mais ça ne marche pas, les ventes sont mauvaises. Le prix est forcément un peu plus élevé, et « le consommateur n’est pas prêt à payer plus cher un produit moins doux ». « En revanche, note le DG, si je faisais une belle boîte avec le mot nature et de jolies fleurs pour emballer un produit qui n’a rien d’écolo, comme d’autres le font, je suis sûr que ça marcherait bien.
Mais on se refuse à le faire chez Jemini. »
Pourquoi la société Jemini produit-elle des peluches synthétiques made in China et pas des peluches en coton bio made in Limoges?
Pour des raisons de coûts bien sûr, mais pas seulement. Jemini serait une entreprise plus « responsable » que ce qu’on peut croire de prime abord, affirme le DG Thierry Bertoux, arguments à l’appui. Jugez plutôt ses réponses à mes interrogations
Le synthétique, ce n’est pas écolo!
La réponse du DG: « Travailler à partir de dérivés primaires du pétrole, c’est magique: on obtient des fibres solides, non allergènes, résistantes aux lavages… Ce qui est complétement idiot et pas écolo, c’est de brûler le pétrole! »
pas du coton bio?
La réponse du DG: « je me suis intéressé au coton bio, et je ne suis pas convaincu. D’abord, la culture du coton nécessite tellement d’eau qu’il est difficile de dire qu’elle est écolo.
Ensuite, je me suis aperçu que les chiffres de la production mondiale de coton bio que j’ai pu obtenir sont inférieurs à ce qui est annoncé pour la consommation, c’est tout de même étrange. Je n’ai pas confiance. »
Pourquoi la société Jemini ne mise-t-elle pas davantage sur l’écologie?
La réponse du DG: « D’abord, il n’y a pas de label écologique dans le domaine du jouet. Nous sommes en revanche soumis à une somme démente de normes, car nos produits s’adressent aux enfants.
Et ces contraintes sont parfois contradictoires avec le tout-écolo: j’ai déjà vu des jouets présentés comme équitables, en matériaux bio, que je ne donnerais surtout pas à mes enfants, trop dangereux! »
le
13 octobre 2010 17H21 | par